La Centrafrique a basculé dans la violence et le chaos en 2013, après le renversement du président François Bozizé par la rébellion de la Séléka, n’a toujours pas retrouvé la paix. (Ph.archives)

La Centrafrique est, une fois encore à la croisée des chemins, à quelques jours d’un scrutin présidentiel de tous les dangers. Les groupes armés coalisés qui contrôlent la plus grande partie du pays, ont lancé une offensive pour conquérir la capitale. Bangui. Les forces de la MINUSCA(11000 hommes) se sont interposées et semblent contenir les rebelles. Mais la situation est loin d’être stabilisée, à 5 jours de la présidentielle dont le grand favori est le président Faustin Touadéra qui brigue un second mandat.

La critique des armes menée par des groupes coalisés serait inspirée voire favorisée par l’ex-président François Bozizé dont la candidature a été rejetée par la cour constitutionnelle. Les partisans de ce dernier, ancien général putschiste, affirment qu’il n’en est rien. Mais tous les analystes le désignent comme le commanditaire.

Devant le risque de voir le régime déstabilisé et le pays retomber dans le chaos, comme il y a 7 ans, les soutiens de Touadéra passent à l’Action, en envoyant des troupes sur place. Les russes qui ont une coopération militaire, depuis un bon moment, avec le président centrafricain, ont acheminé des soldats dont le nombre est tenu secret. Le Rwanda en a fait de même et l’a fait savoir. L’ONU affirme cependant que la « situation est sous contrôle » et le président Touadéra reste ferme sur la tenue de la présidentielle le 27 décembre. Il rejette ainsi la demande d’un report formulée par les rebelles.

Quoiqu’il se passe l’élection ne va se dérouler dans les meilleures conditions car, dans les zones sous le joug des rebelles, l’organisation du scrutin sera impossible. Et, l’équation insoluble est qu’il s’agit de la majorité du territoire centrafricain à l’heure actuelle. Quelle crédibilité aura un scrutin auquel les habitants de la plus grande partie du territoire n’a pas pu participer ? Comment, par la suite, l’autorité de l’Etat sera t-elle imposée dans ces localités ?

La présidentielle ne sera finalement qu’une étape qui permettra de légitimer le vainqueur pour qu’il puisse engager un dialogue national impératif dans un pays, en état de guerre. La responsabilité de Bozizé est totalement engagée dans cette affaire car, depuis son retour dans le pays, il ne cesse de comploter pour reconquérir le pouvoir. Il oublie qu’il est sous le coup de sanctions onusiennes et qu’il risque gros si la situation dégénère. Face aux russes et aux rwandais, ses troupes ont trouvé à qui parler.

Malheureusement cette guerre porte un nouveau coup terrible à un pays toujours en convalescence.