Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta

Le Mouvement du 5 juin appelle à de nouveaux rassemblements contre le chef de l’Etat et des « caravanes de sensibilisation » vont sillonner la capitale Bamako.

L’opposition au Mali a annoncé lundi 17 août de nouvelles manifestations pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK »), avec en point d’orgue l’occupation d’une place symbolique au cœur de Bamako. Ces nouvelles manifestations sont organisées alors que les médiations internationales n’ont pas permis de dénouer la crise socio-politique qui ébranle le pays depuis le mois de juin.

« A compter de ce jour, le M5 a décidé d’intensifier ses actions pour faire partir le président “IBK” », surnom du chef de l’Etat, a déclaré devant la presse Ibrahim Ikassa Maïga, l’un des dirigeants du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP).

Des « caravanes de sensibilisation », composées essentiellement de motos, vont sillonner Bamako de mardi à jeudi, selon les opposants. « Les femmes des marchés, les femmes intellectuelles et les femmes des différentes communes prendront les rues jeudi » pour montrer « ce dont elles sont capables », a expliqué Diawara Zeinabou Sidibé, une proche de l’imam Mahmoud Dicko, figure de proue de la contestation.

Le M5-RFP appelle ensuite à un « grand rassemblement » après la prière du vendredi sur la place de l’Indépendance, épicentre du mouvement lancé en juin par cette coalition hétéroclite de guides religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile.

Une « situation sociale délétère »

Les manifestants seront invités à « camper » sur la place jusqu’à samedi ou dimanche. D’autres manifestations sont également programmées les 25 et 26 août. « Nous sommes dans le M5 jusqu’à la démission d’IBK », a expliqué une responsable syndicale, Sidibé Dédéou Ousmane, en évoquant une « situation sociale délétère »

Le mouvement a refusé jeudi 13 août une rencontre avec le président Keïta proposée par le médiateur des Etats ouest-africains, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants.

Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. L’opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l’ONU de 14 manifestants tués.

La crise actuelle est partie de l’invalidation d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta. Le Mali est en outre confronté depuis des années aux attaques djihadistes, auxquelles se mêlent des heurts intercommunautaires.