Le colonel malien, Assimi Goïta

Les services de la Présidence malienne ont rapporté, hier lundi, dans un communiqué, que le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a reçu, le même jour, un projet de nouvelle Constitution, amendant un avant-projet divulgué en octobre 2022, mais contesté par les acteurs politiques. La date de la soumission à référendum du nouveau texte n’a, toutefois, pas été communiquée.

« Le document final, que je viens de recevoir aujourd’hui, cristallisera, à n’en pas douter, l’espoir de la nation tout entière quant à l’instauration d’une véritable démocratie », a déclaré le colonel Assimi Goïta, cité par le communiqué.

Ce nouveau projet amende un avant-projet publié en automne dernier. Mais la teneur de cet avant-projet, ainsi que la pertinence même d’une nouvelle Constitution ont été remises en cause par plusieurs partis et acteurs politiques, sans pour autant avoir gain de cause.

Fousseyni Samaké, le Coordonnateur de la Commission qui a finalisé le projet, indique dans le communiqué que des parties de l’avant-projet « ont été supprimées, certaines fusionnées et d’autres reformulées ». Toutefois, le communiqué ne précise pas ce qui a été modifié dans l’avant-projet. Il précise que le projet comporte 191 articles au lieu de 195. Mais le contenu de ce nouveau projet n’avait pas été publié, hier lundi, en début de soirée.

Il faut rappeler également que l’avant-projet renforçait considérablement les pouvoirs du président et écartait l’hypothèse d’une fédération qui aurait conféré une forte autonomie au Nord du pays, d’où sont parties en 2012 les insurrections indépendantiste et salafiste, marquant le début de la profonde crise sécuritaire et politique qui continue aujourd’hui.

Il faut également signaler que cette nouvelle Constitution est un élément fondamental du grand chantier de réformes mis en avant par la junte militaire pour motiver son maintien au pouvoir. Son adoption serait donc une étape importante dans le calendrier en vue des élections de février 2024 et un éventuel retour des civils au pouvoir.

Selon le calendrier concocté par la junte, cette nouvelle Constitution devait être soumise à un référendum le 19 mars prochain. Mais à moins de trois semaines de cette date, il parait peu probable que cette échéance soit respectée. Le communiqué de la Présidence malienne ne donne, non plus, aucune précision à ce sujet.

L’actuelle Constitution malienne qui date de 1992 est perçue comme un facteur de la crise que vit ce pays qui a connu trois coups d’Etat depuis 1991, dont deux en deux ans, et cinq depuis l’indépendance.

Justement, le colonel Assimi Goïta faisait partie des officiers qui ont renversé la Présidence civile en 2020, avant de se faire investir président de la transition à la suite d’un nouveau coup de force perpétré en 2021.

Et malgré l’engagement pris par la junte, affirmant que l’actuel président de la transition ne sera pas de la course lors des prochaines élections présidentielles, la question d’une éventuelle candidature du colonel Assimi Goïta n’est toujours pas tranchée.