Le colonel malien, Assimi Goïta

La junte au pouvoir au Mali continue d’évoluer, dans sa volonté névrotique de garder le pouvoir ,entre cynisme et lâcheté.

Cynisme : coup d’Etat brutal, manipulation grossière d’un contre- coup d’Etat dont l’auteur arrêté publiquement, comme par hasard ,meurt en détention-on attend toujours l’autopsie annoncée- ,arrestations arbitraires d’officiels, accusations  sorties du chapeau de juges curieusement réveillés d’un long sommeil dogmatique ,bref le comique le dispute au tragique .

Mais ce sont des libertés individuelles qui sont confisquées et bafouées, un Etat qui est piétiné, dans ses fondements démocratiques -ou ce qu’il en restait- ; les droits de l’homme les plus basiques, qui sont violés, en toute impunité.

Ce tableau kafkaïen vient encore d’être illustré et par l’incarcération de l’ex-Premier ministre Soumeylou  Boubeye Maiga ,d’une part et d’autre part, par  la levée de la « résidence surveillée » illégale de l’ex-Président de la transition Bah-Ndaw et de l’ex-Premier ministre, Moctar Ouane.

Dans ce dernier cas, la junte a fini par reculer devant l’ultimatum de la CEDEAO qui avait  fixé au 28 août (ce jour), la fin de la privation de liberté de  Bah-Ndaw et de Ouane.

Ces derniers peuvent donc aller où ils veulent, recevoir  comme ils l’entendent  et aussi  ,voir les « forces de l’ordre  » quitter la devanture de leurs maisons .

Cette reculade permet d’espérer, car elle démontre que les membres de la junte n’osent toujours pas défier ouvertement la CEDEAO  parce qu’ils craignent pour leur propre avenir judiciaire.

Ils continuent donc de louvoyer entre cynisme et lâcheté pour avancer leurs pions pouvoiristes ,tout en se gardant bien  d’insulter l’avenir.

C’est d’ailleurs pourquoi, ils font autant de manœuvres de diversion pour essayer d’atteindre leur objectif qui est de prolonger la transition.

Les « affaires » qui surgissent, comme par enchantement ,n’ont pas d’autres explications crédibles.

Les nouvelles accusations contre Boubeye Maiga sont du réchauffé et n’ont aucune pertinence juridique, dans la mesure où  l’affaire avait été déjà passée à la loupe et classée ,depuis 2014.

En outre, s’il y a démarche logique ,il faudrait remonter au chef de l’Etat d’alors,  IBK, qui était aussi le Commandant suprême des forces armées.

Parler d’IBK est une ligne rouge que la junte n’ose pas franchir ; alors elle  accuse son fils,(Karim, pour implication dans la disparition d’un journaliste) et un de ses anciens Premiers ministres ; (la liste est longue) pour semer doute et diversion.

Pourqu’on oublie de parler de l’échéance de la fin de la transition et du retour des putschistes dans les casernes.

Les accusations de corruption dans un pays comme le Mali font « saliver »,notamment au sein d’une classe politique  et d’une armée  qui se regardent en chiens de faïence ,tout en « composant », chaque fois que nécessaire.

C’est l’une des raisons de la chute malienne dont les causes sont enracinées dans ce jeu malsain qui se fait au détriment du peuple ,de son unité et de sa sécurité.

Ce qui se passe actuellement, du reste ,est proprement scandaleux : un pays se noie dans l’insécurité et l’effritement de l’autorité de l’Etat qui ne s’exerce plus que dans une portion infime du territoire national ; mais ses leaders ne sont intéressés que par les miettes du pouvoir.  Pour se servir !

Les colonels qui ont fait le coup d’Etat sont en train de faire l’unanimité contre eux ,après un deuxième coup d’Etat qui a mis à nu leurs intentions exclusivement pouvoiristes.

Ils sont donc démasqués  et ,quoiqu’ils fassent ,vont devoir restituer le pouvoir au peuple qui tranchera dans les urnes.

Ils vont tout faire cependant pour gagner du temps ,y compris en harcelant  des leaders capables d’aider à sortir le Mali de cette crise « existentielle ».