Le président français chercherait-il à corriger le tir après les dégâts causés par l’intervention de l’OTAN en Libye de 2011 qui a provoqué la chute du régime Khadafi ? Son initiative de réunir en France le premier ministre Sarraj et le maréchal Haftar le suggère même si elle procède aussi d’une prise de conscience salutaire.
En effet le terrorisme qui gangrène le Sahel se nourrit de la crise libyenne avec les armes en quantité importante qui inondent le marché noir du désert. Avec l’absence d’autorité centrale en Libye où les tribus, les terroristes et les trafiquants en tous genres font des affaires juteuses et illégales.
Haftar qui vient de remporter une bataille décisive contre les terroristes à Benghazi vient en France en position de force. Il est aussi soutenu par l’Egypte et d’autres puissances arabes. Sarraj lui est toujours un premier ministre contesté, incapable d’imposer son autorité en dehors de Tripoli. Les deux hommes ont-ils intérêt à s’entendre ? Rien n’est moins sûr.
Par ailleurs ils ne sont pas les seuls protagonistes importants. Dans d’autres régions du pays comme à Zenten, il y a d’autres acteurs qui ont leur mot à dire. Le problème est de savoir si une Libye avec un pouvoir centralisé est encore possible après la fin du régime autoritaire de Khadafi ? On peut en douter. C’est le cas en Irak après la défaite de Saddam Hussein mais aussi en R.D.Congo depuis le départ de Mobutu.
Le réalisme politique devrait pousser à plaider pour une véritable décentralisation avec des parlements régionaux voire même des gouvernements locaux. Le retour au statu quo ante est un objectif hors d’atteinte. Macron a peut-être une idée derrière la tête. On verra bien.
Son initiative est bienvenue mais le chemin de la paix en Libye sera très long. Pour la France l’enjeu en vaut la chandelle car le bourbier libyen alimente le chaos sahélien où ses militaires sont engagés. Et ça coûte très cher au budget hexagonal.