La situation sécuritaire au pays est instable depuis la chute du guide Libyen Mouaamar Kadhafi

L’ONU vient d’accuser des groupes armés de procéder à des coupures d’eau et d’électricité dans la capitale Tripoli et ses alentours, impactant plus de deux millions de Libyens. L’ONU dénonce une « arme de guerre ».

Alors que la Libye en conflit doit lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus, « l’accès à l’eau et à l’électricité est plus que jamais vital », a déclaré le coordinateur humanitaire de l’ONU en Libye, Yakoub El Hillo, dans un communiqué. La Libye a officiellement confirmé 24 cas de contamination, dont un décès.

« Plus de deux millions de personnes, dont 600.000 enfants, qui vivent à Tripoli, dans ses banlieues et les villes avoisinantes, souffrent d’une coupure d’eau depuis près d’une semaine », a dit El Hillo dans un communiqué.

Les villes côtières du nord sont approvisionnées en eau depuis les nappes aquifères du désert (sud) via le réseau de la Grande rivière artificielle, projet pharaonique réalisé sous le régime Kadhafi.

Habitués aux coupures depuis 2011, beaucoup de Tripolitains disposent de puits ou de groupes électrogènes, selon l’AFP. Selon El Hillo, l’approvisionnement en eau a été coupé par un groupe armé local au niveau de la région d’al-Choueref, sous contrôle des pro-Haftar.

« L’eau ne doit jamais être utilisée comme moyen de pression ou comme une arme de guerre », a-t-il dit, dénonçant des actes « répréhensibles » et « déplorables ». La capitale et les autres régions de l’ouest et celles du sud connaissent également d’importantes coupures de courant.

Un autre groupe armé a forcé la fermeture d’un gazoduc qui assure l’alimentation en gaz des centrales électriques dans tout l’ouest libyen, également dans une zone contrôlée par les pro-Haftar, provoquant des blackouts, selon la compagnie nationale d’électricité.

Plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est déchiré aujourd’hui par une lutte de pouvoir entre le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen.

Le GNA, reconnu par l’ONU, contrôle l’ouest du pays y compris Tripoli. En avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar a lancé une offensive pour s’emparer de Tripoli et des combats se déroulent encore aux portes de la capitale.

Le GNA a accusé les pro-Haftar d’être derrière les coupures d’électricité et d’eau, reprochant samedi dans un communiqué à l’ONU de ne pas avoir nommé le responsable de ces actes, en allusion au maréchal Haftar.