parlement Libye

La Chambre haute libyenne basée à l’Ouest, a défendu samedi la décision des législateurs de l’Est du pays, de désigner un nouveau Premier ministre alors que règne le chaos institutionnel.

Le Haut Conseil d’État (HCE) – un organe basé à Tripoli qui équivaut à un Sénat – rivalise généralement avec la Chambre des représentants , basée dans la ville orientale de Tobrouk.

Cette semaine, le HCE a “approuvé à l’unanimité”, la nomination de l’ancien ministre de l’Intérieur Fathi Bashagha à la tête du gouvernement, une décision qui a laissé les Libyens avec deux Premiers ministres et a menacé de déclencher une nouvelle lutte pour le pouvoir dans ce pays déchiré par la guerre.

Mais le chef du HCE, Khaled El-Mechri, a semblé hier samedi transcender l’habituel clivage Est-Ouest du pays qui s’était éloigné de l’Exécutif de Tripoli .

Il a déclaré qu’un texte accompagnant le vote de confiance de l’an dernier dans le gouvernement du Premier ministre par intérim, Abdulhamid Dbeibah , “stipulait que son mandat prendrait fin au plus tard le 24 décembre 2021”.

La désignation de Bashagha jeudi en remplacement de Dbeibah découlait de ce texte à la suite d’un rare “consensus entre la Chambre des Représentants et le HCE”, a ajouté Mechri.

Personnalité influente dans l’Ouest de la Libye, Mechri a accusé le gouvernement de Dbeibah d’« alimenter une campagne contre le parlement et le HCE ».

L’administration de Dbeibah avait pour mandat de conduire le pays aux élections du 24 décembre, mais les élections ont été annulées à cause de divisions amères sur leur base juridique et les candidatures de plusieurs personnalités controversées.

Dbeibah, un magnat de la construction, nommé il y a un an dans le cadre des efforts de paix menés par les Nations Unies, a juré qu’il “n’accepterait aucune nouvelle phase de transition ou autorité parallèle” et ne remettrait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.

Bashagha et Dbeibah, tous deux originaires de la troisième ville de Libye, Misrata, et tous deux candidats à l’élection présidentielle avortée, ont le soutien de groupes armés rivaux à l’Ouest.

Des groupes armés ont convergé vers Tripoli depuis Misrata hier samedi, pour soutenir Dbeibah, a rapporté un journaliste de l’AFP, faisant craindre un nouveau conflit armé.

La Libye a connu une décennie de troubles depuis qu’une révolte soutenue par l’OTAN a renversé le dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, laissant un patchwork de milices se disputant le contrôle d’un pays riche en pétrole, mais déchiré par des divisions régionales.

Les analystes politiques ont averti que le vote de jeudi menaçait une répétition du schisme de 2014, qui avait vu l’émergence de deux gouvernements parallèles.