Ce sont finalement des « sanctions progressives » qui ont été prises à l’encontre de la Guinée, à l’issue du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s’est tenu, hier jeudi, à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Concernant le Mali, une mission de haut niveau sera envoyée à Bamako incessamment pour discuter avec les autorités de la libération des 46 soldats ivoiriens détenus dans le pays. 

C’est le président de la Commission de la Cédéao, le Gambien Omar Alieu Touray, qui s’est exprimé devant les journalistes, hier soir, à New York, à l’issue de près de trois heures de conclave des chefs d’État et ministres de la Cédéao. 

« Nous avons décidé de prendre des sanctions contre la Guinée », a-t-il dit d’emblée, lisant le résumé de la réunion. « Il a été arrêté la prise de sanctions progressives sur des individus et contre la junte guinéenne », a ajouté Alieu Touray. En effet, a-t-il précisé, « très rapidement, le président en exercice de la Cédéao et le président de la Commission de la Cédéao vont établir une liste de personnes à sanctionner et, de manière graduelle, appliquer ces sanctions ».

Le président de la Commission de la Cédéao l’a réaffirmé : « Les coups d’État sont inacceptables dans l’espace de la Cédéao », précisant que la Cédéao exige toujours une durée de transition «acceptable » de la part de la junte guinéenne. Ce que le colonel Mamady Doumbouya et sa bande ne se sont pas toujours résolus à faire. 

« La Cédéao est fermement contre les coups d’État, ils ne sont pas acceptables», a martelé Omar Alieu Touray, affirmant que les discussions ont été franches et que le consensus a prévalu selon la conviction.

Concernant le Mali, Alieu Touray a annoncé qu’une «mission de haut niveau », composée des présidents togolais, sénégalais et ghanéen se rendra à Bamako très bientôt», probablement le 27 septembre prochain.

Il a indiqué que les chefs d’État de la Cédéao sont d’accord pour demander la libération «immédiate et sans conditions » des 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 juillet dernier.

Violente réaction de la junte guinéenne contre le président Embalo

Mercredi, dans un entretien accordé à France 24 et à RFI, le président en exercice de la Cédéao, le Bissau-guinéen Umaru Cissoco Embalo avait annoncé que la junte guinéenne risquait de « lourdes sanctions » si elle persistait à vouloir rester au pouvoir pendant trois ans. M. Embalo avait rappelé avoir pourtant obtenu un accord avec les militaires guinéens pour qu’ils cèdent le pouvoir au bout de deux ans lors d’une récente visite à Conakry.

Des propos violement démentis par le Secrétaire général de la présidence de la transition guinéenne, le colonel Amara Camara. Dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la présidence guinéenne, il a qualifié de « honte » les déclarations du président Embalo, l’accusant de pratiquer une diplomatie « de guignols ». 

« Le mensonge grossier et les propos qui s’apparentent à de l’intimidation sont de nos jours des pratiques rétrogrades qui n’honorent pas son auteur et ternissent par la même occasion l’image de marque de la Cédéao. Nous ne pouvons pas porter cette honte », a-t-il dit. « On n’est pas dans une relation de guignols ou de téléréalité », a martelé le colonel Camara.