Violences en Guinée (archives)

La Cour de justice de la CEDEAO a déclaré les autorités guinéennes coupables d’homicides et d’actes de torture lors de la répression d’une manifestation qui avait fait six morts en 2012. Une décision qui « étonne » Conakry.

La Cour de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a « constaté la violation des droits de l’Homme par la République de Guinée lors de l’attaque du village de Zogota » (sud-est) et demandé « réparation du préjudice subi par les victimes », selon des documents relayés par l’AFP. L’arrêt déclare la Guinée coupable notamment « d’atteinte au droit à la vie », de « torture, de traitements inhumains, cruels ou dégradants », et « d’arrestation arbitraires ».

L’État guinéen dispose d’un délai de six mois pour payer aux ayants droit des six personnes tuées 5 milliards de francs guinéens (430 000 euros) chacun, ainsi que 3 milliards (260 000 euros) à 15 autres victimes de cette répression, qui avaient porté plainte auprès de cette Cour pour traitements inhumains et détention arbitraire.

La Guinée « s’étonne de sa condamnation à des réparations pécuniaires », a affirmé l’Agence judiciaire de l’État (publique), son défenseur dans cette affaire, dans un communiqué publié mercredi.

Cet « étonnement découle du fait qu’aucun élément du dossier n’était de nature à justifier une telle condamnation », ajoute le communiqué. Cette décision « a occulté les cas d’agression physique et de destruction d’engins roulants dont les forces de sécurité ont été victimes » lors de l’incident.

Dans la nuit du 3 au 4 août 2012, les forces de sécurité guinéennes avaient tiré sur des villageois qui protestaient depuis plusieurs jours contre la politique de recrutement du groupe minier brésilien Vale-BSGR, l’accusant de privilégier les membres de groupes ethniques extérieurs à cette zone de Guinée forestière.

Les plaignants avaient également accusé la compagnie minière de complicité, notamment d’assassinat, affirmant qu’elle a fourni des véhicules et du carburant aux forces de sécurité. Le groupe avait assuré en 2018 « n’avoir jamais entrepris ni soutenu aucun acte de violence à Zogota ».