Dans une lettre publique du ministre de la Justice adressée aux procureurs généraux, hier jeudi, la junte au pouvoir en Guinée a ordonné d’engager des poursuites judiciaires contre l’ex-président Alpha Condé, renversé par un coup d’État le 5 septembre 2021, et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres de l’ancien régime.

Dans sa lettre suivie d’une liste de 188 noms dont celui de l’ancien président Alpha Condé, et celui de son ancien Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, déjà emprisonné, le ministre de la Justice écrit : « Il vous est enjoint (…) d’engager des poursuites judiciaires (…) pour des faits présumés de “corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité” contre les personnes morales et physiques dont les noms et prénoms suivent ».

« Le gouvernement guinéen, dans sa politique de moralisation de la vie publique, s’est fixé comme objectif la lutte contre les infractions économiques et financières », poursuit le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright.

« Il est impératif d’ouvrir des enquêtes judiciaires pour élucider l’origine des fonds de ces différents comptes sans que cela ne porte préjudice au dégel lorsqu’il sera établi de manière contradictoire que ces comptes sont exempts de toutes présomptions d’enrichissement illicite », déclare-t-il.

En plus de l’ex Premier ministre, Kassory Fofana, dont les comptes ont été gelés, plusieurs autres ministres de l’ancien régime dont celui chargé des Affaires présidentielles et de la Défense, Mohamed Diané, ou encore Oyé Guilavogui, l’ancien ministre de l’Environnement et des Eaux et Forêts, sont actuellement emprisonnés à la Maison centrale de Conakry. Ils sont poursuivis pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption et complicité.

Quant à l’ancien président Alpha condé, il s’était rendu en Turquie le 20 mai dernier pour des soins médicaux. Un voyage qui devait durer quelques mois. Mais l’ex chef de l’Etat n’a toujours pas regagné Conakry. Une situation incommodante pour le chef de la junte militaire en Guinée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.

En mai dernier, la justice guinéenne avait annoncé des poursuites contre Alpha Condé et une trentaine d’anciens hauts responsables de son régime pour «assassinats, actes de torture et enlèvements»,qui auraient été commis lors de son dernier mandat.