Le Parlement ghanéen a une nouvelle fois suspendu ses activités pour une durée indéterminée jeudi, après l’absence des députés du New Patriotic Party (NPP) au pouvoir lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale. 

Cette situation entraîne la prolongation de l’arrêt des travaux du Parlement, qui pourrait compromettre l’adoption de projets de loi cruciaux et du budget pour l’année 2025, à quelques semaines des élections générales du 7 décembre.

“Comme vous pouvez le voir, un côté de la Chambre est complètement vide”, a déclaré le président du Parlement, Alban Bagbin, en s’adressant à l’Assemblée nationale. “Nous avons le quorum pour siéger, mais nous n’avons pas d’affaires à traiter… Nous sommes contraints d’ajourner une fois de plus la séance de la Chambre pour une durée indéterminée”.

Le Parlement avait été suspendu une première fois fin octobre, en raison de tensions entre les députés du NPP et ceux du National Democratic Congress (NDC, principal parti d’opposition) provoquées par la décision d’Alban Bagbin de rendre vacants quatre sièges parlementaires. Deux députés du NPP, un du NDC et un indépendant avaient déclaré vouloir se présenter à nouveau aux élections législatives de décembre mais sous des étiquettes différentes, ce qui est interdit par la Constitution.

La décision du président du Parlement avait permis à l’opposition d’avoir une légère majorité à l’Assemblée nationale. Mais le 30 octobre, la Cour suprême a ordonné à Alban Bagbin de revenir sur sa décision, afin d’éviter que les Ghanéens ne se retrouvent sans députés après la suspension.

“Nous n’avons pas l’intention de perturber les affaires du gouvernement. Nous sommes venus en nombre pour nous rendre compte qu’il n’y avait pas d’affaires urgentes. Ils ont abandonné et veulent que les élections aient lieu pour pouvoir passer la main”, a indiqué à la presse Cassiel Ato Forson, leader du NDC au Parlement.

De son côté, Alexander Afenyo-Markin, le leader du parti au pouvoir NPP, a demandé au président du Parlement de respecter l’avis de la Cour suprême. “Le président [du Parlement] met le feu au pays. C’est triste”, a déclaré M. Afenyo-Markin. “Nous, le groupe parlementaire de la majorité, demandons une fois de plus au président de faire preuve de sens politique. Le président nuit à la démocratie. Nous ne participerons pas au chaos qu’ils attendent dans l’hémicycle”.

Les experts s’inquiètent de cette crise parlementaire au Ghana, pays considéré comme un modèle de stabilité politique dans une région secouée par les coups d’État et l’insécurité.