Adama Barrow

Le gouvernement gambien a lancé dimanche une contre-attaque drastique pour éteindre le mouvement de contestation réclamant le départ du président Adama Barrow. Le gouvernement a ainsi interdit avec effet immédiat le collectif à l’origine d’une manifestation ayant tourné à l’émeute.

La police a procédé à plus de 100 arrestations et ceux qui soutiennent ce mouvement anti-présidentiel devront faire face à des « conséquences graves », a affirmé le gouvernement dans un communiqué.

« Pas une seule personne n’est morte pendant la manifestation d’aujourd’hui », ont affirmé les autorités dans ce communiqué signé du porte-parole du gouvernement, Ebrima Sankareh. Un responsable d’hôpital avait affirmé plus tôt dans la journée que trois personnes avaient été tuées, sans préciser leur identité et les causes de leur décès, selon l’AFP.

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Le bilan de la manifestation, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans la banlieue de Banjul, est néanmoins sévère: 137 personnes arrêtées par la police, d’autres en fuite ou tentant de quitter le territoire, selon le gouvernement.

Rassemblés à l’appel du collectif « Operation Three Years Jotna » (« Trois ans, il est temps », dans un mélange d’anglais et de wolof), les manifestants réclamaient que le président Adama Barrow quitte le pouvoir après trois ans, comme il s’y était engagé en devenant le candidat unique de l’opposition fin 2016.

Des heurts ont éclaté lorsque les manifestants ont voulu dévier de leur itinéraire pour se rapprocher du centre de la capitale gambienne. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser et les manifestants ont répliqué en lançant des pierres sur les forces de l’ordre et en allumant des pneus sur la voie rapide menant au centre-ville.

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Expliquant l’avoir jusqu’ici toléré, le gouvernement considère à présent le collectif anti-présidentiel comme « un mouvement subversif, violent et illégal ». Il lui « interdit à jamais d’agir sur le territoire de la Gambie », selon le communiqué.

Investi par une coalition de l’opposition pour défier le président Yahya Jammeh, qui dirigeait la Gambie d’une main de fer depuis 22 ans, Adama Barrow a remporté la présidentielle du 1er décembre 2016.

Il avait prêté serment à l’ambassade de Gambie à Dakar le 19 janvier 2017, alors que Yahya Jammeh se résignait à partir en exil après une intervention politico-militaire régionale. Selon la charte fondatrice de la « Coalition 2016 », le nouveau président devait diriger un gouvernement provisoire pendant trois ans, avant d’organiser une nouvelle élection à laquelle il ne pourrait pas se présenter. Mais il assure à présent que « personne ne pourra (le) forcer à quitter la présidence avant 2021 », s’attirant les foudres de ses anciens compagnons, qui l’accusent de « trahis