Rendez-vous est pris pour le 27 juillet (mardi prochain), pour une rencontre historique entre le président Alassane Ouattara et son prédécesseur et rival, Laurent Gbagbo.

La rencontre aura lieu à la Présidence de la République, lieu hautement symbolique que les deux hommes se sont disputés violemment, il y a 10 ans.

Confrontation tellement violente qu’elle a basculé en guerre civile, qui a causé 3000 morts.

Depuis, Gbagbo a été arrêté et déféré à la CPI où il a été emprisonné pendant de longues années, avant d’être jugé et blanchi.

Il y a un mois, il est revenu dans son pays natal, avec la bénédiction de Ouattara qui lui avait fait délivrer un passeport ordinaire et un passeport diplomatique.

A l’évidence, le président ivoirien a joué la carte de la réconciliation nationale et n’a pas cherché à prolonger l’exil de son rival de 2010.

S’il le voulait, en effet, il aurait pu prendre en compte la condamnation de Gbagbo, à 20 ans de prison, par contumace, pour le braquage de la BECEAO et s’opposer à son retour.

Il a choisi le chemin du réalisme politique et de la paix sociale.

Mais, Gbagbo est-il dans les mêmes dispositions d’esprit ? Rien n’est moins sûr, au vu des actes posés et de sesdéclarations.

Il a critiqué ouvertement la dernière élection présidentielle, même s’il a participé (avec son parti), aux législatives organisées par la suite. Ce qui vaut acceptation du nouvel ordre républicain en place.

Il a fait des sorties provocatrices, notamment chez Konan Bédié, son « nouvel allié politique ».

C’est dans ce contexte que l’audience de mardi doit être analysée.

Que Gbagbo décide de répondre favorablement, est aussi un acte politique qui ne pourra être pleinement apprécié qu’après la rencontre et les propos que l’ex-président tiendra.

Va-t-il mettre de l’eau dans son vin ?

Il pourrait modérer ses discours et appeler à la réconciliation nationale.

Pourtant, le réalisme politique impose à Gbagbo -qui manifestement ne veut pas prendre sa retraite- de renforcer sa mainmise sur son parti et fonds de commerce politique  qui est aussi ethniciste Bété-.

Cette donnée incontournable est à la fois une force relative, (les Bété sont minoritaires) et une faiblesse, car elle enferme Gbagbo dans une logique de confrontation, malgré tout. Et, quelles que soient ses déclarations de circonstance.

Le face à face Ouattara-Gbagbo est, de prime abord, positif ; mais ne va pas dissiper les gros nuages qui assombrissent le ciel politique ivoirien.

Il peut aider à différer les hostilités jusqu’aux prochaines confrontations électorales, notamment locales.

La non limitation par l’âge, des candidatures à la présidentielle est aussi un chemin ouvert sur des batailles perpétuelles et des espoirs de revanche .

C’est pourquoi l’alliance Gbagbo-Bédié finira par exploser, si jamais les deux « dinosaures » voulaient se présenter à la présidentielle de 2025.

Ouattara veut passer la main à la jeune génération et l’a prouvé, en mettant en selle Amadou Gon Coulibaly, qui a malheureusement, été fauché par le Destin.

Va-t-il chercher et trouver un autre « dauphin » ? Quand ?

Le retour de Gbagbo rebat-il les cartes ?

Une seule rencontre ne va pas permettre d’y voir clair, car ces deux rivaux avancent masqués et ne vont pas mettre cartes sur tables.

Entre eux, une longue partie de poker va commencer, avec un spectateur très engagé qui n’a pas dit son dernier mot et qui s’appelle Bédié.

L’audience à deux, prépare-t-elle celle à trois ?

Il faut le souhaiter car le poids politique des trois n’a pas d’équivalent sur la scène politique ivoirienne.

Vous avez dit une audience très attendue ? Assurément !