Le président ivoirien Alassane Outtara et l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro.(Archives)

Le procès contre l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte D’Ivoire, Guillaume Soro commence demain au tribunal d’Abidjan. Si Soro, actuellement en exil en France, ne va pas assister au procès,19 de ses complices déjà en détention, seront bien dans le box des accusés. Et vont devoir faire face aux juges pour répondre aux accusations de « détournement et recel de fonds publics et tentative de déstabilisation de l’Etat ».

Le ministère public a un dossier solide, avec un enregistrement de Soro -dont il ne nie pas l’authenticité- qui l’enfonce car il y parle bien de sédition et des moyens de la mettre en œuvre. Son absence n’empêchera pas les avocats de ses co-accusés de passer au peigne tous les éléments de preuve collectés par le parquet. Et de faire leur travail d’avocats de la défense et c’est tout à l’honneur de la justice ivoirienne.

D’ailleurs ces robes noires ont intérêt à travailler rigoureusement sur les dossiers et éviter de tomber dans le piège de la « politisation excessive ». Jouer cette carte de facilité c’est tomber le masque et avouer son incompétence. Une telle attitude est toujours dommageable au client, à la fin. Mais, lorsqu’il n’y a pas d’arguments convaincants à opposer à une accusation dont la crédibilité est à toute épreuve, les effets de manche riment avec le discours politicien creux.

Le problème est que les clients risquent gros car les délits et crimes visés sont très graves.
Il y a non seulement l’accusation de détournement et de recel de fonds publics, mais aussi et surtout tentative de déstabilisation de l’Etat. Il s’agit bel et bien d’un complot dont l’objectif était de renverser le régime démocratiquement installé.

En Côte d’Ivoire, où les stigmates laissés par les actes de violence qui ont accompagné la chute de Laurent Gbagbo sont encore visibles, une telle menace est prise très au sérieux. On le voit, le procès qui s’ouvre ce mardi à Abidjan va faire beaucoup de bruit. Et Soro sera l’absent le plus présent dans la salle d’audience.