L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo

A six mois de la présidentielle, les deux principaux partis d’opposition ivoiriens, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo ont signé jeudi à Abidjan un accord politique.

Les deux partis ont pris « l’engagement commun à œuvrer de concert pour le retour de la paix, de la réconciliation et rendre transparent le processus électoral », selon un communiqué relayé par l’AFP. Les deux grands partis ont assuré fin décembre 2019 qu’ils présenteront tous deux des candidats à la présidentielle d’octobre 2020. Rappelons que la date butoir pour le dépôt des candidatures à la présidentielle a été fixée à juillet 2020.

L’éventuel retour de Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique dans l’attente de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) sur un éventuel procès en appel est une des grandes inconnues de la politique ivoirienne. Acquitté en première instance par la CPI, Gbagbo doit attendre que la Cour statue sur l’appel du parquet qui a contesté l’acquittement.

Depuis 2011, le FPI s’est scindé en deux factions: d’un côté les « Gbagbo ou rien (GOR) », qui ont boycotté les scrutins en l’absence de Laurent Gbagbo, de l’autre des « rénovateurs » représentés par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, qui participent à la vie politique.

Emmanuel Altit, l’avocat de l’ex-président Gbagbo, 74 ans, a demandé une libération sans condition de son client, émettant « l’hypothèse » qu’il puisse « poser sa propre candidature ». Agé de 85 ans, l’ancien président Henri Konan Bédié (1993-1999) entretient lui aussi le doute sur sa candidature.

L’ancien chef rebelle Guillaume Soro, ex-allié du président Alassane Ouattara, s’est déjà déclaré candidat mais vit en exil en France et fait face à plusieurs procédures judiciaires. Il a notamment été condamné à 20 ans de prison mardi pour recel de détournement de deniers publics.

Du côté du pouvoir, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, très proche du président Alassane Ouattara, a été désigné mi-mars candidat du parti de Ouattara à la présidentielle.

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce tendue en Côte d’Ivoire. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.