L’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié accepte la main tendue du président Ouattara. Mais rappelle la nécessité de respecter le pacte qui les lie et qui prévoit l’alternance en 2020. Il fait remarquer que plus aucun parti seul ne peut obtenir la majorité indispensable pour gouverner sans coalition. Il met en exergue les sacrifices consentis pour ne pas présenter un candidat de son parti le PDCI lors des élections présidentielles de 2015.

Ce choix politique courageux a permis la victoire de Ouattara et ce dernier s’était engagé à renvoyer l’ascenseur à la fin de son deuxième et dernier mandat. La sortie de Bédié, une semaine après le congrès du parti RDR du président Ouattara, n’est pas le fruit du hasard. Elle interpelle tous les responsables du RDR qui manifestent de plus en plus leur volonté de s’affranchir du « pacte Bédié-Ouattara ». Cette tentation était à craindre dans la mesure où les deux grands leaders avaient aussi annoncé leur retraite politique conjointe en 2020.

En effet, comme aux USA où un président réélu devient « un canard boiteux », un président sur le départ perd de son autorité sur ses troupes. Les rivalités s’exacerbent et c’est ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Si Bédié tient encore le PDCI ; il n’est pas sûr que Ouattara ait la même autorité sur son parti. Pourtant l’alliance des deux formations au sein du RDHP(rassemblement des houphouétistes) est un impératif pour consolider la paix sociale fragile dans le pays.

Les attaques terroristes qui ont secoué Grand Bassam et les mouvements d’humeur répétés des militaires sont des étincelles qui peuvent toujours allumer un feu de brousse. Et ce d’autant que de nombreux partisans de l’ex-président Gbagbo sont toujours hostiles au régime en place.

L’intérêt bien compris du RDR et du PDCI est de s’unir pour faire face à l’avenir. La question du leadership peut se régler de manière démocratique par le choix de l’alternance négociée. Mais dans ce cas il faudrait que chacun tienne parole. Plus facile à dire qu’à faire une fois que les délices du pouvoir ont fini de faire leurs effets nocifs.