La CEDEAO 

Le gouvernement burkinabè a rejeté le terme « génocide » utilisé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour condamner l’attaque de Karma, mené par des hommes en uniformes militaires le 20 avril dernier et dont le bilan définitif n’est pas encore établi.

« Le gouvernement du Burkina Faso a été surpris du contenu d’un tweet du 27 avril 2023, publié au nom de la Cédéao sur la page personnelle du président de la Conférence des chefs d’Etat, S. E. M. Umaro Sissoko Embalo, utilisant le concept grave de [génocide] pour qualifier le drame survenu dans le village de Karma le 20 avril 2023… », peut-on lire dans un communiqué.

 

« Le gouvernement du Burkina Faso voudrait attirer l’attention de Son Excellence Monsieur le Président Embalo et celle de la Commission de la Cédéao qu’une qualification aussi grave que celle de [génocide] portée sur les événements qui ont endeuillé les Burkinabè doit nécessairement se faire sous l’éclairage d’une enquête portée par une instance dûment habilitée », poursuit le texte du communiqué.

 

Pour rappel, l’attaque de Karma (Nord) perpétrée le 20 avril dernier, avait été révélée pour la première fois par le procureur du tribunal de grande instance d’Ouahigouya, citant un rapport du commandant de la brigade de Recherches de Gendarmerie relevant de sa ville, en date du 21 avril 2023, faisant état d’un bilan initial d’une « soixantaine » d’individus, « tués par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales ».

 

Le procureur avait annoncé l’ouverture d’une enquête, alors que d’autres sources indépendantes annonçaient un bilan encore plus lourd, allant jusqu’à 150 décès. Lors de l’inhumation, jeudi 27 avril, le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) a affirmé l’identification de 136 cadavres.

 

Le jour même, le gouvernement burkinabè a communiqué officiellement sur cette affaire pour la première fois, condamnant des actes « ignobles et barbares » et affirmant qu’il suivait de très près l’évolution de l’enquête.

 

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes récurrentes dans plusieurs régions. Le gouvernement burkinabè a décrété « l’ordre de mobilisation générale et de mise en garde » afin de « donner un cadre juridique et légal à l’ensemble des actions » engagées par l’Etat dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L’Etat d’urgence est en vigueur dans huit régions sur les treize que compte le pays.