La statue du Président Thomas Sankara au conseil de l’Entente, à Ougadougou.

Le verdict du « procès de l’assassinat du président Thomas Sankara » laisse un goût d’inachevé.

D’abord parce que ,le principal inculpé ,Blaise Comparé,  est resté hors de portée de la justice ,en se réfugiant en Côte d’Ivoire où il a obtenu la nationalité ivoirienne.

 

Ensuite ses co-accusés, le Général Gilbert Diendéré et Kafando, qui ont été condamnés comme lui ,à perpétuité, n’ont pas ,par des aveux circonstanciés, permis de lever toutes les zones d’ombre de cet assassinat planifié et exécuté froidement ,il y a 34 ans.

 

Justice a-t-il été rendu vraiment ?

Il est permis d’en douter car de nombreux acteurs impliqués et/ou témoins des faits ,ne sont plus de ce monde ,ou n’ont pas participé au procès.

Pour l’Histoire ,il y a eu « jugement » et Diendéré, l’un des derniers de la bande des putschistes, avec Compaoré, va finir sa vie derrière les barreaux.

Cette bande avait pris le pouvoir, par la force et marqué les esprits de l’époque par des comportements de « rupture » (sobriété dans la gestion du pouvoir ,discours révolutionnaire et attaques contre les ex-colonisateurs, etc.).

Mais ,dans le fond ils manquaient de réalisme politique  ,dans un contexte  risqué de guerre froide.

Elle a plus défrayé la chronique ,par une communication qui a plus créé le buzz qu’autre chose ; mais qui a été imprimée dans les mémoires.

Les nouveaux putschistes qui ont pris le pouvoir au Mali,  en Guinée et au Burkina ,et avant eux ,Dadis Camara qui avait conquis le pouvoir ,de manière éphémère, « jouent le modèle Sankara ».

Pendant 27 ans de règne, Blaise Compaoré a essayé en vain ,de tuer l’image de « son frère » .

Parce qu’il est impossible d’enterrer un visage juvénile, célèbre et « sanctifié » pour la postérité !

 

Sankara ,comme Kennedy, et Che Guevara, sont figés ,par leurs assassins dans une éternité juvénile.

Cette réalité était déjà ,comme une condamnation à perpétuité pour Compaoré.

La condamnation judiciaire n’y ajoute rien, sauf qu’aujourd’hui, la gloire posthume  de Sankara  devient un linceul  d’opprobre pour son bourreau, officiellement identifié et sanctionné comme tel.

Mais cette condamnation ne sera certainement pas l’épilogue d’une  saga que la tuerie sauvage de 1987 n’a jamais pu  effacer.