La Coordonnatrice de l’ONU au Burkina Faso, l’Italienne Barbara Manzi, a été déclarée « persona non grata » et « priée de quitter le pays », dès vendredi, par la junte au pouvoir dans ce pays sahélien en proie à une grave crise sécuritaire marquée par des attaques djihadistes récurrentes.

Selon un communiqué du ministère des Affaires Etrangères, « Barbara Manzi, Coordonnatrice résidente du système des Nations unies, est déclarée persona non grata sur le territoire du Burkina Faso. Elle est donc priée de quitter le Burkina Faso aujourd’hui même, le 23 décembre 2022 ».

Selon la ministre des Affaires Etrangères, Olivia Rouamba, cette expulsion se justifie notamment par le fait que Mme Manzi a décidé « unilatéralement » de retirer le personnel non essentiel de l’ONU à Ouagadougou. « C’est jeter le discrédit, ternir l’image du pays et décourager les potentiels investisseurs. C’est inconcevable et nous devons prendre nos responsabilités », a-t-elle ajouté, lors d’une interview sur la télévision nationale.

« Au-delà de ces faits, il nous est revenu que Mme Manzi prédisait le chaos au Burkina Faso dans les prochains mois. Nous ne savons pas sur quelles bases elle peut le faire. De gros efforts sont faits sur le plan sécuritaire et l’ONU devrait se constituer en structure de soutien », a poursuivi la ministre.

Mme Rouamba a toutefois souhaité faire la différence entre « la personne de Mme Manzi et l’ONU », avec laquelle le Burkina « garde toujours une très bonne coopération ».

Outre la demande du retrait du personnel non essentiel, il est aussi reproché à Mme Manzi une « tentative d’influence négative » et de « s’immiscer dans les affaires politiques du Burkina », selon une source, citée par l’AFP.

Cette expulsion intervient quelques jours après celle de deux Français qui travaillaient pour une société burkinabè et qui étaient soupçonnés par les autorités d’être des espions. Le Burkina n’est pas le premier Etat ouest-africain à expulser un responsable onusien cette année.

En juillet, le Mali, pays voisin du Burkina, également pris dans une grave crise sécuritaire, avait expulsé Olivier Salgado, le porte-parole de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), pour avoir publié, selon la junte au pouvoir, des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako.