La justice burkinabè a fixé à la date du 11 octobre prochain, le procès des assassins du président Thomas Sankara.

Son compagnon putschiste et successeur, Blaise Compaoré devrait être dans le box des accusés ce jour là, pour qu’enfin les conditions du meurtre de Sankara soient élucidées.

Car le 15 octobre 1987, date de l’assassinat, dans les locaux du Conseil de l’entente de Ouagadougou, le crime a bien eu lieu : Sankara et presque toutes les personnes présentes, ont été criblées de balles. Sauf, un homme, Alouna Traoré qui a raconté la scène et a, parfois varié dans son récit.

Mais pas sur l’essentiel : « Sankara a été abattu, les mains en l’air ».

Il sera un témoin-vedette du procès, sans doute ; mais nombre des assassins seront absents parce qu’ayant rejoint leur victime dans l’au-delà.

Le commanditaire présumé, Blaise Compaoré est bien vivant, mais hors de portée de la justice burkinabè. Il vit en exil en Côte d’Ivoire, pays dont il a acquis la nationalité grâce à son épouse, citoyenne de ce pays, et à la bienveillance des autorités locales.

L’absence programmée, si on ose dire, de Compaoré, enlève tout suspense à ce rendez-vous judiciaire.

Son ex-bras droit Gilbert Diendéré, sera certainement présent dans le box des accusés, lui qui purge une peine de 20 ans dans les prisons du Burkina, à la suite d’un autre coup d’Etat qui a mal tourné.

Le procès du 11 octobre, 34 ans après la mort de Sankara, sera surtout ,un psychodrame pour le peuple burkinabè, pour qu’il puisse chasser les démons du passé et « apprivoiser » le fantôme de Sankara. Si cela était possible .

L’échec politique de Compaoré était prévisible, malgré les réalisations économiques qui sont réelles.

Parce qu’on ne peut enterrer un mythe et Sankara, en était devenu un, avec l’éternelle jeunesse de ses 38 ans que la tombe ne peut détruire.

Ses actions et son programme politique étaient simplistes, naïves et ne pouvaient réussir, dans un contexte géopolitique encore dominé (pas pour longtemps), par la guerre froide.

Sankara semblait ignorer cela et, surtout la situation très précaire de son pays, pauvre, à côté du voisin ivoirien, beaucoup plus riche et libéral.

La « révolution » qu’il voulait réaliser n’avait aucune chance d’aboutir et son comportement vis à vis des présidents Mitterrand et Boigny a accéléré les choses.

Il restera cependant le mythe et toute la production onirique et/ou fantasmagorique qui va avec et que personne ne peut détruire.

Comme pour Lumbumba, Ché Guévara, et autres martyrs d’un « gauchisme » naguère séduisant.

Mais qui a échoué partout.