Le gouvernement espagnol a accusé hier jeudi, l’Algérie de bloquer la quasi-totalité des échanges commerciaux bilatéraux, à l’exception du gaz, contredisant ainsi les démentis d’Alger, en pleine crise diplomatique avec Madrid autour du Sahara occidental.

« Malgré les déclarations algériennes disant qu’il s’agissait de fantaisies malintentionnées de la part de l’Espagne, il y a effectivement un blocage des opérations » commerciales bilatérales par l’Algérie, a affirmé le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, dans une interview à la Radio nationale espagnole (RNE).

Début juin, l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), organisme bancaire clé en Algérie, avait annoncé des restrictions sur les transactions commerciales avec l’Espagne, après la suspension la veille par Alger d’un traité liant les deux pays.

L’UE avait alors mis en garde l’Algérie contre les conséquences de ces restrictions, affirmant qu’elles semblaient être « en violation de l’Accord d’Association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement ».

Par l’intermédiaire de sa mission auprès de l’UE, l’Algérie avait aussitôt démenti l’arrêt « des transactions courantes » avec l’Espagne, parlant d’une « prétendue mesure » qui « n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser ». Alger avait aussi assuré que ses exportations de gaz vers l’Espagne continueraient.

Mais malgré ces dénégations algériennes, Madrid a constaté « une paralysie pratiquement totale des opérations de commerce extérieur avec l’Algérie, aussi bien des importations que des exportations, à l’exception des produits énergétiques », c’est-à-dire du gaz, a indiqué mercredi devant une commission parlementaire la Secrétaire d’état espagnole au commerce, Xiana Méndez, soulignant qu’il s’agissait d’une « paralysie des flux dans les deux sens ».

Albares a assuré jeudi qu’il défendrait « avec fermeté » les intérêts espagnols dans ce dossier. « Chaque fois que nous voyons des transactions bloquées, nous les transmettons à la Commission (européenne), qui demande des explications à l’Algérie », a déclaré le ministre.

La suspension par l’Algérie du traité « d’amitié, de bon voisinage et de coopération » conclu en 2002 avec l’Espagne est survenue après le revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental, le gouvernement de Pedro Sánchez ayant décidé en mars de s’aligner sur la position du Maroc.