Un projet du géant Shell pour rechercher pétrole et gaz au large d’une des plus belles côtes d’Afrique du Sud, a été suspendu mardi par la justice, une victoire inédite pour les militants écologiques.

Le tribunal de Grahamstown a « interdit d’entreprendre des opérations de prospection sismique » à la multinationale anglo-néerlandaise, avec effet immédiat. Le juge Gerald Bloem a estimé que l’entreprise n’avait pas rempli l’obligation de consulter la population locale, qui détient notamment des droits de pêche et entretient un « lien spirituel et culturel particulier avec l’océan ».

Ouverte sur l’océan Indien au Sud-est du pays, la « Wild Coast », aux paysages sauvages spectaculaires, s’étend sur quelque 300 km et compte plusieurs réserves naturelles et zones marines protégées.

C’est là, sur plus de 6.000 km2, que le géant de l’énergie Shell avait décidé de lancer un nouveau projet d’exploration sismique. Militants écologistes, pêcheurs et locaux s’y sont opposés, affirmant qu’il représente une menace pour la faune marine.

Des milliers de défenseurs de l’océan et d’amoureux de la nature ont manifesté courant décembre sur différentes plages du pays et bloqué des stations essence Shell, appelant au boycott.

Au début du mois, la justice du pays avait rejeté un premier recours des militants écologistes. Le ministre de l’Energie avait défendu le projet, accusant ses détracteurs de faire barrage aux investissements économiques dont l’Afrique du Sud a besoin.

« Nous respectons la décision du tribunal et avons suspendu l’étude pendant que nous examinons le jugement », a déclaré à l’AFP un porte-parole de Shell, qui n’a pas précisé si l’entreprise ferait appel.

La prospection offshore d’énergies fossiles utilise l’analyse de la propagation d’ondes sismiques pour déterminer la structure géologique des sols susceptibles de contenir des hydrocarbures. Les ondes de choc sont envoyées par des bateaux équipés de canons à air.

« Des études de cette nature sont menées depuis plus de 50 ans, avec plus de 15 ans de recherches scientifiques approfondies », a argumenté le porte-parole de Shell.

« L’Afrique du Sud est fortement dépendante des importations pour une grande partie de ses besoins énergétiques. Si des ressources viables étaient découvertes en mer, cela pourrait contribuer de manière significative à la sécurité énergétique du pays », a-t-il fait valoir.

Selon les écologistes, ces détonations risquent de perturber le comportement de la faune, son alimentation, sa reproduction ainsi que les migrations, notamment celle des baleines ; la plupart des animaux marins s’appuyant sur l’audition.