Le chef d’État sud-africain, Cyril Ramaphosa, doit faire face à une crise économique et sociale dans son pays.

Première économie africaine, pays le plus industrialisé du continent…il y a de ça deux ou trois ans, c’était les mots utilisés pour décrire l’Afrique du Sud.

Aujourd’hui, c’est une économie en perte de vitesse et des millions de Sud-Africains de plus en plus pauvres et sans espoir d’une amélioration proche. En effet, le pays ne sort d’une crise que pour entrer dans une autre.

L’année qui s’achève a démarré sous de mauvais auspices, avec une récession économique après deux trimestres consécutifs de croissance négative. Plus grave, dès les premiers mois, les espoirs suscités par l’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa en 2018 dans le sillage du limogeage de son prédécesseur Jacob Zuma, se sont estompés, cédant devant une réalité amère, celle de l’aggravation du ralentissement économique avec son lot en termes de hausse continue du chômage et de la pauvreté.

Pour les Sud-Africains, l’année prochaine n’annonce rien de bon. Après la présentation, en octobre dernier, du projet de budget de l’année 2020, les espoirs se sont rapidement volatilisés.

L’Afrique du Sud est bel et bien dans une situation périlleuse avec pratiquement tous les indices au rouge. Dans une analyse qualifiée de réaliste, l’argentier du pays arc-en-ciel a énuméré les difficultés dans lesquelles les finances publiques s’empêtrent, menaçant d’aggraver davantage les déficits sociaux.

Dans les détails, les recettes publiques sont en repli. Ils ne devraient plus représenter que 1,53 trillion de rands en 2019/2020 contre un montant de 1.67 trillion de rands, projeté en février dernier, soit 52,5 milliards de moins. De même, le déficit budgétaire a atteint 5,9% du Produit Intérieur Brut (PIB), au moment où la dette brute a atteint un record de 3,367 milliards de rands, ce qui représente 60,8% du PIB. Pire encore, le PIB du pays ne devrait augmenter que d’environ 0,5% en 2019.

Au pays de Nelson Mandela, ce n’est pas que l’économie qui est en crise. La politique ne se porte pas mieux. Le Congrès National Africain (ANC, au pouvoir) a pu conserver le pouvoir à l’issue d’élections générales tenues en mai dernier.

Cependant le score réalisé lors de ce scrutin ouvre la porte à de sérieuses interrogations au sujet de l’usure qui semble s’emparer de cette formation emblématique mais incapable de se libérer de ses idéologies révolues pour embrasser les espoirs des nouvelles générations de Sud-Africains nés dans l’ère de l’émancipation et de la liberté.

L’ANC n’a pas pu faire mieux que 57,51%, soit la plus mauvaise performance du parti depuis les premières élections multiraciales, organisées dans le pays en 1994 peu après la fin du régime de l’apartheid. Cette victoire, même si elle a donné un mandat politique clair au président Ramaphosa, n’a pas été suffisante pour dissiper l’incertitude qui perturbe les perspectives du pays.