Européens et Africains ont conclu un sommet important, au vu de la situation spécifique ,dans laquelle se trouve le monde.
Que ce soit en Europe où les bruits de botte soulèvent une poussière menaçante à l’Est du continent et en Afrique, où le terrorisme ne cesse de gagner du terrain, fragilisant de nombreux Etats dont certains sont tombés entre les mains de putschistes militaires populistes.
Ce contexte préoccupant a pesé sur le sommet UE/UA qui vient de s’achever à Bruxelles…
Les déclarations musclées et les annonces généreuses (engagement d’investir 150 milliards d’euros dans les infrastructures en Afrique), ont suscité un espoir légitime.
Mais les Africains en ont vu d’autres et ne devrait prendre pour argent comptant que ce qu’ils verront, être réalisé concrètement sur le terrain.
Cette fois, un accent particulier a été mis sur le suivi et la société civile africaine est invitée à s’impliquer.
S’il y a des raisons d’espérer, il y a aussi les expériences passées qui dictent la prudence.
Les 150 milliards d’euros promis devraient être investis d’ici 2030,donc dans un laps de temps assez court.
Il y a des priorités à dégager certes, dans les domaines des infrastructures, mais aussi de l’éducation et de la formation.
En plus de la santé, où un envoi de 450 millions de vaccins est annoncé d’ici l’été.
Toutefois, depuis le début de la pandémie-qui a touché beaucoup moins l’Afrique-, l’aide européenne n’a pas été à la hauteur des besoins du continent africain.
80% des Européens sont vaccinés et, seulement 11% des Africains.
La solution durable est bien, celle retenue, de faire produire les vaccins ARMn par les Africains eux-mêmes. Ainsi 6 pays vont pouvoir le faire : Egypte ,Afrique du Sud, Sénégal, Tunisie, Kenya et Nigeria.
Quant à la demande africaine de « levée des brevets sur les vaccins »,il faut reconnaître qu’elle n’est pas réaliste.
La production de vaccins exige des investissements colossaux qu’il faut rentabiliser.
Un autre dossier a été abordé, celui de la réallocation des Droits de tirage du FMI pour les Etats africains.
La mauvaise volonté des Européens est évidente, car sur les 100 milliards de dollars demandés par l’Afrique, seuls 13 ont été réalloués jusqu’ici.
Pourquoi l’Europe traine-t-elle les pieds pour soutenir le continent ?
Sur les engagements qui viennent d’être pris, il y a encore beaucoup de flou, sur ce qui va être fait concrètement.
Mais cette fois- ci, le jeu de cache-cache ne pourra pas prospérer , car les concurrents que sont la Chine, la Turquie, l’Inde, la Russie et le Brésil sont aux aguets.
La menace russe s’est métastasée au Sahel ,avec la présence des mercenaires de Wagner qui constitue un danger géopolitique majeur.
Le redéploiement de Barkhane et de Takuba,la propagande populiste contre les Occidentaux et la Démocratie, sont des défis redoutables. Aucune tergiversation ne peut être tolérée, encore moins les fausses promesses .
L’UE doit jouer carte sur table et passer aux actes, avec moins de bureaucratie, tout en renforçant les contrôles sur l’utilisation des fonds.
Si les peuples africains ne sont pas les bénéficiaires ultimes des investissements, aucun défi sécuritaire ne sera relevé de manière durable.
La misère et l’analphabétisme sont un cancer continental, la corruption, aussi.
Les discours et les effets d’annonce, très peu pour les peuples qui veulent manger à leur faim, se faire soigner, accéder à l’éducation et à la formation ,pouvoir se déplacer librement et vivre en paix.
Ce sommet qui vient de se tenir dans un contexte d’urgence est un premier jalon.
Le second sera posé sur le terrain, ou pas, par des actes concrets.