Paris vient de répliquer à la décision d’Alger d’expulser 12 agents consulaires français, en en faisant de même contre 12 diplomates algériens.
L’Élysée en rajoute en rappelant l’ambassadeur de France à Alger, pour consultations, et précise que c’est Alger « qui prend la responsabilité d’une dégradation brutale des relations bilatérales ».
À l’évidence, la tension atteint un niveau très élevé, et si Alger rappelle son ambassadeur, ce sera pire encore.
La situation est alarmante dans la mesure où le gouvernement français n’a pas la main en ce qui concerne les trois citoyens algériens incarcérés par la justice.
La séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, en France, est sacro-sainte.
Mais le gouvernement algérien ne semble l’entendre de cette oreille.
Ainsi, c’est une impasse qui s’installe et une période trouble dont la durée est imprévisible.
Les expulsions croisées actent une rupture qu’il faudra du temps, et des démarches diplomatiques et politiques, pour dénouer.
Il faut craindre les prochaines déclarations médiatiques, de part et d’autre, qui pourraient envenimer les choses.
Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, en campagne électorale pour la présidence du parti LR, pourrait être tenté de marteler encore son discours de fermeté envers l’Algérie.
Sa posture n’est pas pour rien dans l’évolution de la situation actuelle, Paris ayant répliqué sèchement.
Macron aurait pu reprendre langue avec Tebboune au téléphone,
mais n’a-t-il pas craint des commentaires acerbes qui seraient faits par les partisans de la ligne dure ?
La passe, cependant, est préoccupante, mais encore gérable, comme on dit,
une fois que les esprits reviennent à la raison et que la diplomatie prenne le relais.
Ce sera bientôt la fête de Pâques, et plus tard celle de l’Eïd (fête du mouton),
qui sont autant d’opportunités pour mettre du baume dans les cœurs, moment propice pour entamer et/ou prolonger un dialogue fécond.
Pour l’heure, c’est le langage de la déraison qui s’impose,
et, avec lui, une énième crise franco-algérienne.