La visite officielle du président sud-africain Cyril Ramaphosa à la Maison Blanche a pris une tournure inattendue mercredi, lorsque Donald Trump a interrompu les échanges pour diffuser une vidéo dénonçant un prétendu « génocide » des fermiers blancs en Afrique du Sud.

Une séquence spectaculaire en plein Bureau ovale

Devant les caméras, les délégations et même Elon Musk, présent ce jour-là, Donald Trump a projeté des images censées illustrer la fuite de « familles entières » d’Afrikaners, chassés de leurs terres et victimes de violences. « Vous leur permettez de prendre les terres, puis ils tuent le fermier blanc, et il ne leur arrive rien », a lancé le président américain à son homologue sud-africain.

Certaines images utilisées par la Maison Blanche se sont toutefois révélées douteuses : l’une d’elles, issue d’un article de presse, provenait en réalité de la République démocratique du Congo, et non d’Afrique du Sud.

Ramaphosa garde son calme

Visiblement pris au dépourvu, Cyril Ramaphosa a nié toute confiscation arbitraire de terres. Il a défendu la réforme agraire récemment votée, visant à corriger les déséquilibres hérités de l’apartheid, tout en précisant que « la plupart des victimes de la criminalité en Afrique du Sud sont noires ».

Il a également rappelé que Julius Malema, dont un discours figurait dans la vidéo – où il chante « Kill the Boer », slogan hérité de la lutte anti-apartheid – représente une formation minoritaire (9,5 % des voix aux dernières élections).

Un discours sans preuves tangibles

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump cible régulièrement Pretoria, qu’il accuse de discriminations contre les descendants de colons européens. Il évoque un « génocide » des fermiers blancs, bien que ces affirmations ne soient étayées par aucune donnée fiable, et soient fermement rejetées par les autorités sud-africaines.

Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et proche du président américain, soutient activement cette thèse. Le milliardaire, patron de Tesla, SpaceX et X, accuse également le gouvernement sud-africain de promulguer des « lois racistes » à l’encontre de la minorité blanche.

Une tentative de désamorcer les tensions

Malgré cet affront diplomatique, Ramaphosa a cherché à minimiser l’incident. Il a affirmé que les accusations de violences contre les Blancs n’avaient pas dominé les discussions, centrées selon lui sur les relations commerciales bilatérales.

« Dans l’ensemble, je pense que notre visite a été un grand succès », a-t-il déclaré à la presse, tout en exprimant son espoir de voir Donald Trump participer au prochain sommet du G20 à Johannesburg, prévu en novembre.

Des réfugiés Afrikaners accueillis malgré une politique migratoire stricte

Quelques jours avant cette rencontre, une cinquantaine d’Afrikaners ont été accueillis aux États-Unis comme réfugiés – un geste d’autant plus remarquable que l’administration Trump a drastiquement réduit les admissions dans ce domaine.

Ce coup d’éclat diplomatique rappelle la réception houleuse réservée en février dernier au président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui aussi confronté à un Trump offensif au Bureau ovale.

Un message implicite

Malgré l’intensité de l’échange, Ramaphosa s’est montré maître de ses nerfs. Il a laissé entendre que Donald Trump lui-même n’était pas entièrement convaincu par les accusations portées : « Je pense qu’il subsiste en lui des doutes et de l’incrédulité », a-t-il confié.

Le président sud-africain était accompagné de deux stars du golf, Ernie Els et Retief Goosen, venus jouer la carte du soft power auprès d’un président américain grand amateur du green. « On veut que les choses s’améliorent dans notre pays », a souligné Ernie Els.