Va-t-on vers une escalade dans la brouille entre la Sierra Leone et la Guinée ? Alors que le président sierra léonais, Julius Maada Bio a accusé la Guinée d’avoir perpétré des incursions militaires répétées dans la région de Yenga et d’avoir unilatéralement fermé ses frontières, les autorités guinéennes ont réagi, lundi 24 janvier 2021, sans donner des gages de trouver des solutions au conflit. Au même moment, la Cédao a demandé à Conakry de respecter le protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de séjour et d’établissement.

Samedi 23 janvier dernier, le président sierra léonais avait profité de la 58ème session ordinaire virtuelle de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédeao pour dénoncer certains agissements de son homologue guinéen.

«La Sierra Leone observe avec une profonde inquiétude la multiplication des incursions des troupes guinéennes dans la région de Yenga, qui se trouve dans le territoire souverain incontesté de la Sierra Leone. Le problème reste non résolu et nos homologues guinéens ont continué d’empiéter sur les frontières terrestres et maritimes de la Sierra Leone », avait déclaré Julius Maada Bio, qui a également dénoncé « la fermeture des frontières imposées par la Guinée ».

Le ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République de Guinée, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, a réagi à ces accusations, hier lundi, à Conakry.

« Nous sommes en contact avec le gouvernement sierra léonais dans les relations habituelles de voisinage. On n’a eu aucune démarche de la part des autorités sierra léonaises. Mais notre pays demeure soucieux et de sa sécurité et des relations de bon voisinage avec la Sierra Leone et avec tous ses voisins. Nous tenons à cette fraternité », a-t-il simplement déclaré à la presse guinéenne.

Une réponse pour le moins ambiguë, qui n’apporte aucun démenti aux accusations de la partie sierra léonaise et qui ne donne pas, non plus, un engagement à trouver des solutions à ce conflit. En téléconférence, samedi dernier, les dirigeants de la Cédeao ont appelé les Etats à respecter le Protocole sur la libre circulation des personnes, le Droit de séjour et d’établissement.

« L’Autorité appelle les États à poursuivre leurs efforts pour la mise en œuvre effective du Protocole sur la libre circulation des personnes, le Droit de séjour et d’établissement », indique, en effet, le communiqué final de la réunion des Chefs d’Etat, alors que la Guinée a fermé unilatéralement, depuis trois mois, ses frontières avec trois de ses voisins : (Sénégal, Guinée-Bissau, Sierra Léone).

La région de Yenga, une bande riche en diamant

La région de Yenga est une bande riche en diamant qui se situe entre la partie méridionale de la Guinée (Nongoa), la partie orientale de la Sierra-Leone (Kailahum) et Foya (Libéria).

L’ancien président sierra léonais, Tejan Kabbah, avait négocié le retrait de la plupart des troupes guinéennes dans la zone. Mais des militaires guinéens, qui seraient engagés dans l’exploitation des mines de diamants, ont refusé d’obtempérer, alors qu’un accord avait été signé par le ministre de l’Intérieur de la Sierra Leone de l’époque et son homologue guinéen, confirmant les frontières établies à l’époque coloniale.

Une source militaire citée par Africaguinee a déclaré, hier, que la zone appartiendrait à la Guinée. « On ne peut pas laisser une portion de terre appartenant à la Guinée à un autre pays. On va la défendre avec fermeté et rigueur. Pour le reste les politiques peuvent discuter et trouver une solution politique », aurait-il martelé.

Les relations entre la Guinée et la Sierra Léone se sont détériorées ces derniers mois et la fermeture unilatérale de la frontière entre les deux pays a exacerbé la tension, qui fait craindre de plus en plus, une escalade dans cette brouille entre Freetown et Conakry.