Dans un contexte de tensions politiques croissantes au Sénégal, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé d’intervenir directement. Le doyen Alassane Ouattara, président ivoirien et figure influente de la sous-région, a été mandaté pour convoquer Ousmane Sonko, leader du Parti Pastef et véritable pilote de la politique sénégalaise, à une rencontre prévue le 15 avril à Abidjan. Une décision qui marque un tournant dans la gestion de la crise sénégalaise et qui constitue un camouflet pour le président Bassirou Diomaye Faye, perçu comme un simple figurant dans l’équation politique du pays .
Les dirigeants ouest-africains ont, semble-t-il, tiré une conclusion sans appel : Ousmane Sonko est l’homme fort du Sénégal, bien plus que le président officiel Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier, surnommé en coulisse le D.A.R (Dormeur de l’Avenue Roume) par ses pairs, est critiqué pour son inaction et son effacement face aux décisions clés du gouvernement. Certains Sénégalais ironisent même sur son embonpoint, symbole d’une première année au pouvoir marquée par l’immobilisme .
La convocation de Sonko plutôt que de Diomaye Faye illustre la défiance des partenaires régionaux envers l’exécutif sénégalais. Si le Sénégal tombe, toute la sous-région suivra, aurait déclaré un diplomate ouest-africain sous couvert d’anonymat. Les craintes portent notamment sur les attaques répétées de Sonko contre les partenaires traditionnels du Sénégal, les Forces de défense et de sécurité, et l’ancien président Macky Sall, qui reste une figure influente sur la scène continentale .
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a été chargé par ses homologues de remettre Sonko à sa place et de lui rappeler le rôle stabilisateur que joue le Sénégal en Afrique de l’Ouest. La CEDEAO redoute en effet un effet domino si la crise sénégalaise venait à s’aggraver, dans un contexte déjà fragilisé par les coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger .
Ouattara devrait également transmettre à Sonko la colère des chefs d’État face aux attaques incessantes contre Macky Sall. Ce dernier, bien que hors du pouvoir, reste un interlocuteur clé pour la diplomatie africaine, notamment dans les négociations avec l’Alliance des États du Sahel (AES) . Une source proche du dossier affirme que si Sonko accepte de modérer son discours, un remaniement gouvernemental et un appel au dialogue politique pourraient être annoncés à son retour.
Cette convocation est un aveu d’échec pour Bassirou Diomaye Faye, dont la légitimité est désormais ouvertement remise en question par ses pairs. Il doit comprendre qu’«il ne sert plus à rien en tant que président , confie un diplomate ouest-africain. Certains observateurs craignent cependant que Sonko ne se braque et n’engage le Sénégal dans une spirale de confrontation, avec des conséquences imprévisibles pour la stabilité régionale .
Le président sénégalais, déjà affaibli, pourrait devenir une marionnette aux mains de Sonko, ou au contraire être poussé à reprendre la main sur son gouvernement sous pression extérieure .
Alors que l’organisation ouest-africaine est déjà fragilisée par les défections du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le Président Ouattara ne permettra pas à Sonko de mettre en danger le Senegal.