Dans un communiqué publié hier, les trois États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont rejeté le « délai de 6 mois de rétraction » proposé par la CEDEAO, qui leur aurait permis d’attendre pendant une période de 6 mois (jusqu’au 29 juin 2025) pour confirmer ou non leur retrait de l’organisation sous-régionale.
Dès lors, le Mali, le Burkina et le Niger rendent leur « sortie » de la CEDEAO définitive.
Reste à la CEDEAO d’en prendre acte et d’agir en conséquence, en ce qui concerne les relations futures dans les domaines de la circulation des biens et des personnes, des droits de douane, des transports, etc.
L’exemple de la Mauritanie — qui a quitté la CEDEAO en 2000 — devrait faire réfléchir les membres de l’AES, car Nouakchott, depuis 2017, cherche à réintégrer l’organisation dont les États membres ne semblent guère pressés de rouvrir les portes à l’État qui avait rompu les amarres.
La CEDEAO, malgré ses faiblesses, est une réussite sur le plan de l’intégration multidimensionnelle en Afrique.
La libre circulation des personnes, notamment, est une réalité dont il faut se féliciter.
Les autres « zones » de même nature, en Afrique centrale et australe, voire orientale, n’affichent pas le même succès.
La CEDEAO, dans le respect des engagements des pères fondateurs de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine, devenue UA : Union Africaine), est devenue un exemple pour le reste du continent qui peine encore à rendre la zone de libre-échange continentale opérationnelle.
Elle est comme un jalon fondamental pour réaliser cette ambition qui permettrait de booster l’économie de toute l’Afrique.
Et de sortir des dizaines de millions de personnes de l’extrême pauvreté, d’abattre les frontières artificielles et toxiques héritées du partage colonial acté à Berlin, en 1884/1885.
L’unité africaine est un impératif économique, social et politique pour sortir le continent de l’ornière et impulser un développement économique durable.
Unie, l’Afrique prendra toute sa place parmi les géants économiques du monde ; divisée, elle restera la vache laitière des puissances prédatrices de toutes les couleurs.
Pourquoi ces vérités élémentaires ne sont-elles pas comprises par les putschistes du Mali, du Burkina et du Niger ?
Parce que ces dictateurs en kaki n’ont qu’un seul objectif : perpétuer leur pouvoir dans des pays exsangues, sevrés de liberté et de démocratie.
Des pays qui tournent le dos « à un maître » pour se « donner à un autre », hypothéquant toujours leur souveraineté, malgré les discours creux et le verbiage populiste qui masquent une vraie impuissance/incompétence.
Qui peut croire que les militaires des pays de l’« AES » — que personne n’a élus — auraient une potion magique pour développer leur pays ?
Ni même pour faire mieux que les dictatures militaires qui les ont précédés dans leurs pays respectifs.
Mali, Burkina et Niger ont subi des régimes militaires pendant des décennies et, comme par hasard, sont restés parmi les pays les plus pauvres du continent et du monde.
Malgré des richesses minières fabuleuses : or, uranium, entre autres, qui servent aujourd’hui à payer des mercenaires-prédateurs dont le seul vrai emploi est de protéger chacun des régimes en place.
La France, qu’ils ciblent tous en chœur, l’accusant de tous les maux pour manipuler les populations, n’a pas les moyens politiques d’imposer sa volonté à la CEDEAO, composée d’États certes francophones, mais aussi anglophones et lusophones.
Nombre de ces pays ne partagent pas la même monnaie, le CFA, auquel continuent de s’accrocher le Mali, le Burkina et le Niger. Chose très curieuse !
Les dictateurs en kaki ne s’interrogent pas sur cette incongruité, ni sur leur incapacité à juguler l’insécurité endémique qui règne dans leurs territoires.
Ce défi devrait être leur préoccupation première, pas celui de torpiller la CEDEAO qui participe de la construction de l’unité africaine, porte de salut pour les peuples du continent.